Quelle que soit la caractérisation de la violence : torture, harcèlement, viol, oppression, terrorisme et tout ce qui conduit au meurtre, la violence remonte depuis ses origines à l’expression brutale d’une action irrésistible par la force qui s’oppose à l’état d’ordre et de paix dépassant la mesure naturelle des choses.
Le sens s’élargit pour aborder des points de vue juridiques et des conditions de vie, les cas diffèrent d’une forme à l’autre avec des actes intentionnels qui affectent des troubles psychologiques.
C’est dans ce contexte que Natacha Appanah fait ressortir son roman Tropique à la violence dans le répertoire d’une littérature mauricienne d’expression française. L’aménagement de ce concept puise ses sources dans un travail de recensement et de manifestation de l’œuvre en question. Pour mieux appréhender les causes et les répercussions de cette problématique, on a eu recours à de multiples analyses : sociales et littéraires qui foncent à l’intérieur des thèmes dans un univers quasi-connu mauricien, par son éthénie, ses traditions et ses langues diverses. L’autonomie du roman est mise en question, ainsi que l’écriture de la romancière au sein de ce pays culturel où s’aggrave la dimension d’un regard visionnaire de l’intérieur vers l’extérieur d’un monde ingrat et illégitime. Dans une quête affamée pour l’enracinement d’une identité personnelle et commune, l’œuvre s’achemine vers une légitimité qui instaure le monde contemporain écartelé, entre un passé patrimonieux et un présent contemporain voués à la violence.
Dans cette perception du délaissement des « sans identité », l’indicible de la violence apparaît brut, choquant, voire même inacceptable. Dans ce monde multiforme autochtone, ethnique Natacha Appanah reconstitue l’identité mauricienne à travers son roman Tropique de la violence.
La construction des valeurs traditionnelles est démontrée à travers un langage spécifique, particulier, qui remet en cause l’existence des jeunes et des enfants bâtards, des métis dans la littérature mauricienne, question qu’elle soulève constamment sans cesse dans ses œuvres postcoloniales selon une vision humanitaire. Cette reconstitution qu’elle réclame est liée à un espace réel, existant, symbolisant la défaite des mauriciens à acquérir une identité légitime et individuelle.
Ainsi recommande-t-elle, à travers cette forme littéraire romanesque, une stabilité dans l’ordre universel, dans des conditions difficiles, le droit de vivre. Tropique de la violence est une production littéraire uniforme et hétérogène à la fois,
compatible à une critique de ressemblance et de divergence, ce qui crée un paradoxe sur tous les plans narra-descriptifs de nature exotique, de nature humaine et des discours authentiques, hétéroclites de langues et de nationalité. Cette littérature enrichissante délaissée auparavant devient éclatante, émergente au XXème siècle, surtout par des romancières engagées et dont la vision se diversifie d’une auteure à une autre. Ce roman de Natacha Appanah offre une vision sur l’esclavagisme qu’avait produit le colonisateur étranger, sur la domination des blancs, sur l’intégralité et la complexité des modes de vivre des malgashes, des indiens, des africains et surtout la catégorie des jeunes clandestins d’où une variété et une diversité politique et sociale qui nous informe sur le postcolonialisme, sa transgression et ses répercussions sur toute une génération de jeunes exilés. La transposition dans ce monde étrange avec ses stances et ses difficultés incessantes et proliférantes conduit le lecteur non-avisé à recéler cette idée qu’avait apporté le colonisateur sauveur de l’humanité qu’il leur rapportera un avenir radieux, lumineux, or c’était justement le contraire. La romancière lance un message acerbe contre toute iniquité, contre tout despotisme totalitaire, contre toute domination illégale dans Tropique de la violence.
Une nouvelle vision de cette littérature apparaît avec Natacha Appanah avec un certain regard qui vise vers l’intériorité. Regard qui penche vers la contemporanéité de l’an 2000. Cet aspect dominant ouvre une nouvelle voie qui renchérit l’humain et met en relief le thème de la violence, l’altérité, la perte de l’identité au milieu d’un paradis sans conteste. Cette thématique a été traité anglophone puisque les partisans de cette littérature ont eu une instruction anglaise mais peu d’entre eux focalise l’histoire de l’île Maurice en lange française. Ce fut Natacha Appanah, par ses œuvres gigantesques contemporaines écrites en langue française, atteint tout intérêt à la découverte de cette littérature riche d’apports, d’analyse, compétente et incontestable dans laquelle nous pourrions y trouver une certaine démystification d’un paradis qui rend compte la perspicacité de l’analyse que nous proposons sur l’altérité moderne de l’île Maurice, le regard du passé (renaissance) et celui de la contemporaniété. Avec une analyse sociologique exotique du lieu et son influence postcolonial sur l’île Maurice et la Réunion en tant qu’histoire et langue particulière. Cette nouvelle problématique met l’accent sur la mémoire du passé, nous fait rappeler certains concepts de l’histoire mauricienne dont J.-M. Le Clézio était le pionnier qui analyse
les conditions de vie des dominés et des subalternes « délaissés » sur cette île, surtout la catégorie des jeunes qui vivent à mis cheval entre un passé du colonisateur qui ne peut pas les emporter ailleurs et entre un présent prédicatif de violence et de malheur.
L’idée de l’esclavagisme contemporaine est centrée sur la figure du métis ou le « nègre blanc » selon Markus Arnold dans sa thèse : « Littérature antitropicale » ¹. Ce regard mérite d’être analysé spécifiquement. Ce regard qui se déplace d’un passé autochtone vers un présent contemporain de l’écartèlement d’un monde intérieur vers l’extérieur. |