La présente recherche se propose d'étudier les enjeux de la description tels qu'ils se retrouvent dans le roman de Libar M. Fofana intitulé le diable dévot, paru en 2010. Appartenant à la littérature franco-guinéenne, celui-ci raconte la structure sociale de la Guinée, un pays africain, après son indépendance et dont la phase historique a été particulièrement remarquée par l'abus et le despotisme de l'ordre établi.
Dans ce roman à l'étude, l'intrigue repose sur un personnage dont la destinée est indissociable de celle d'un autre: ce récit raconte l'itinéraire de Mamadou Galouwa en miroir celui de sa jeune fille Hèra.
Le diable dévot se divise en deux parties qui incarnent deux moments distincts: la vie tourmentée de la jeune fille Hèra, enfant et adulte au village, ainsi que sa vie en tant que jeune fille à l'espace citadin, loin de son espace villageois d'origine.
Dans la première partie, en étant une femme, Hèra a vécu son aliénation identitaire dans le village, ayant goûté avec amertume les humiliations, les injustices de son père en silence. Elle est donc confrontée à un espace dans lequel elle ne se reconnaît pas. Pis encore, elle découvre qu’elle est rejetée par son père, ce qui lui provoque un sentiment d’inconfort et d’instabilité.
La deuxième partie du roman est le temps où Hèra est partie définitivement pour la ville Konakry où elle cherche le besoin de la liberté et le dépassement des limites de soumission imposées par son père en tentant d'avoir droit à la vie.
Dans ce contexte, la description, qui tient un rôle capital dans l'élaboration d’un roman, s'explore chez l'écrivain franco-guinéen en tant que procédé d'écriture. Pour ce, nous avons privilégié de consacrer le présent travail à l’étude des stratégies de la représentation descriptive de ce roman.
Dans le cadre de notre étude, nous nous interrogeons sur la manière dont le romancier peint la description des espaces en contrastant l'espace villageois et celui-citadin, la description des personnages en bien montrant leur isotopie et enfin celle des objets et leur reflet sur la psychologie des personnages. De plus, le point commun aux différents éléments de la description reste leur attachement à l’esthétique du roman, c’est-à-dire au langage qui se laisse découvrir pour déchiffrer et interpréter la particularité de l'art romanesque.
Nous projetons ranger, par souci de clarté, les constituants de cette étude dans trois chapitres bien précis et complémentaires. Le chapitre premier intitulé « Deux espaces opposés et leur interprétation » est consacré à l'étude de l'espace et de son influence sur les individus. Les évènements du roman en question se déroulent tantôt au village, tantôt à la ville. C'est-à-dire ce récit pourrait être lu comme un espace villageois et un autre citadin. Sous cette perspective, cet espace divise ainsi le roman fofanien en deux grands plans spatiaux qui s'opposent géographiquement et symboliquement.
Notre intention insiste sur la filiation spatiale qui va de l'espace villageois à celui citadin, et réciproquement. Et entre les deux espaces se constitue un lieu seuil, un lieu intermédiaire qui représente une transition dans les évènements du roman fofanien.
Le deuxième chapitre, dont le titre est « Le dispositif des personnages », s'attache aux sentiments opposés des personnages principaux, perceptibles chez Mamadou Galouwa et sa fille, lesquels sont signes précurseurs d'évoluer leur personnalité.
Ce présent chapitre tâche d’étudier le personnage romanesque en tant que support de traits sémantiques et catégorie textuelle constituante du genre romanesque. Il s’intercale dans la substance des personnages, leurs pensées et leurs actions.
Le troisième chapitre intitulé « le symbolisme des objets » traite les symboles que les objets incarnent. Il consiste à étudier les rapports qu’entretiennent ces objets avec les personnages et les espaces du récit.
Nous y passons en revue comment l'étude de ces objets dévoile-elle le profond malaise de l’individu dans une société qui le dépersonnalise en bien constatant l'apparition des rapports sensibles de l'homme avec l'objet.
Au terme de cette étude, nous pouvons remarquer que l’espace, le personnage et l'objet se fixent et se mélangent ou s’associent pour élaborer la description telle qu'elle se trouve dans le diable dévot de Fofana. Ce dernier peut ainsi se lire comme des étiquettes sémantiques où nous pouvons déduire de nouvelles interprétations. Toutes ces stratégies de la description ont des messages à exposer afin de mieux comprendre l’être humain et la société.
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